Cet article a été rédigé par Alex Tardy,
Conseiller d’orientation au Centre de services scolaire des Samares et
Conseiller en formation chez ChallengeU
Qu’on porte le chapeau de parent, intervenant ou enseignant, on souhaite tous que nos jeunes reçoivent le « oui » tant espéré du programme d’études convoité! Au cours de ma carrière, j’ai observé que la réception des réponses collégiales et universitaires entraînait, évidemment, une anxiété marquée chez le jeune, mais aussi auprès des différents intervenants ainsi que le corps enseignant. Certains n’en dorment plus la nuit, d’autres font des pieds et des mains pour s’assurer que leurs étudiants entrent dans leur programme désiré sans vivre un douloureux échec, voire un deuil.
Cependant, le deuil peut devenir une étape importante pour le développement identitaire des jeunes, d’autant plus lorsque celui-ci se fait avec de l’accompagnement. Ici, nous explorerons trois astuces pour intervenir lors de cette étape charnière qui peut être émotionnellement difficile à court terme, mais bénéfique à long terme.
1. LA SOLUTION MAGIQUE N’EXISTE PAS
À l’adolescence, l’identité personnelle et professionnelle est embryonnaire. Celle-ci peut donc être fragile considérant le fait qu’elle est encore en développement. Alors, pour un jeune, recevoir un refus du programme de formation qu’il convoite depuis des mois, voire des années, ou même réaliser graduellement qu’il n’aura pas les notes suffisantes pour être accepté, peut lui faire vivre beaucoup d’émotions négatives difficiles à gérer, telles que la peur de décevoir et la honte face à son potentiel échec.
En tant qu’intervenant, la simple action d’écouter et de lui offrir un endroit sécuritaire pour se confier peut faire une réelle différence dans son deuil. Bien que regarder son étudiant vivre ses tourments peut être déchirant, ces émotions sont nécessaires et elles porteront ses fruits avec le temps, puisqu’elles engendrent des réflexions pertinentes pour son développement identitaire.
Malgré tout, afin de limiter ses émotions complexes, il serait facile de s’empresser de trouver des solutions à cette embûche scolaire, mais il ne faut surtout pas tomber dans ce piège. Trouver 1001 solutions n’est pas la solution. De toute manière, dans son état émotionnel actuel, la recherche de solution peut s’avérer prématurée. Stimulons plutôt ses réflexions en posant quelques questions!
2. APPRENDRE À NAGER POUR NE PAS SE NOYER
Le deuil n’entraîne pas uniquement des conséquences négatives. C’est une occasion pour le jeune de se questionner sur lui-même et de remettre en perspective ses priorités. Qui plus est, on observe bien souvent qu’à cette étape les œillères tombent, ce qui laisse place à l’exploration et aux questionnements.
Néanmoins, certains jeunes à la dérive se sont attachés à leur projet comme à une bouée de sauvetage dans l’océan. Dans ce processus de deuil, l’idée est de lâcher cette bouée qui est condamnée à dégonfler et d’apprendre à nager par soi-même. Et comment flotter lorsque ladite bouée a toujours été à nos côtés? L’une des manières possibles est en développant sa connaissance de soi et en se fixant un nouvel objectif.
À noter qu’il existe une multitude d’approches pour activer la découverte de soi. L’idée ici est d’amorcer des réflexions. Voici quelques pistes d’exploration:
- Qu’est-ce qui est le plus difficile dans sa situation actuelle?
- Quel rôle dans la société voulait-il incarner à travers ce métier?
- Quel enjeu de société voulait-il travailler au travers ce métier
- Concrètement, qu’aimait-il de son programme/métier?
- Actuellement, quels sont les éléments sur lesquels il a le contrôle pour surmonter cette épreuve?
Les questions ci-dessus ne sont que de brefs exemples qui mettent la table pour des discussions plus profondes qui serviront à valider si le jeune en question se sent fin prêt à plonger tête première dans cet océan de possibilités!
3. TOUJOURS AVOIR EN POCHE UN PLAN B
Sachant maintenant ce qui l’interpelle le plus de son plan A, le jeune a maintenant des outils pour se dénicher un plan B! Souvent négligée, la valeur d’un excellent plan B pour éviter bien des émois quand le plan A n’a pas connu une fin digne des contes de fées.
Peu importe où nous en sommes dans notre parcours, un plan d’avenir se doit d’être accompagné d’une seconde option. Personne, encore moins les jeunes, n’est à l’abri d’une baisse de motivation, d’un échec à des examens d’admissions, d’une déception du programme choisi, etc. Si jamais vous remarquez qu’un jeune parle de son plan B avec dégoût, n’hésitez pas à le référer auprès de son conseiller d’orientation. Parce que le plan B, lorsqu’il est choisi de façon réfléchie, peut avoir autant de valeur que le plan A!
En somme, l’accompagnement du deuil fait partie de notre rôle en tant que professionnel. Plutôt que de voir cette épreuve comme un grand océan noir à éviter, préparons nos jeunes, et nous-mêmes, à potentiellement y nager !
Ayant amorcé mes études universitaires en philosophie, je croyais déjà en l’importance de se poser des questions et de réfléchir sur soi-même. D’une personnalité empathique et à l’écoute des autres, je me suis éventuellement dirigé en orientation pour harmoniser mes champs d’intérêt et ma personnalité. Teinté d’une approche existentielle-humaniste et de l’ACT, je propose un accompagnement basé sur le développement d’une relation de confiance et de la mise en action vers la recherche d’un bien-être professionnel. Utopiquement, je souhaite que nous vivions tous une vie pleinement authentique!