Cet article a été rédigé par Caroline Perreault,
Conseillère d’orientation
La dernière année nous a rappelé qu’il est fort possible que tout ne se déroule pas comme prévu et que le contrôle n’est parfois qu’une impression. Continuer ses projets dans l’incertitude peut être effrayant surtout lorsqu’on doit prendre des décisions importantes. Dans tous les cas, il faut se souvenir que la vie continue.
En temps normal, personne n’est à l’abri d’un imprévu comme la maladie, la perte d’emploi ou encore un accident de travail. De ce fait, enseigner à nos jeunes des moyens de s’adapter aux imprévus et composer avec l’incertitude s’avérera un acquis précieux qui contribuera à leur bien-être et au maintien de leur santé mentale. La façon de concevoir ses projets et une bonne capacité d’introspection peuvent contribuer à réduire le stress d’un choix de carrière, mais aussi à composer avec les imprévus. Afin de mieux se préparer à de futures interventions, explorons ensemble trois situations qui augmentent le stress lié au choix de carrière.
Négliger la connaissance de soi
Bien que ce conseil soit pertinent dans plusieurs contextes, la connaissance de soi est essentielle, surtout lorsqu’on doit prendre de grandes décisions telles que notre choix de carrière. Connaître ses intérêts, ses valeurs, ses aptitudes et ses besoins fondamentaux permet de mieux évaluer si une décision nous correspond ou non. Ainsi, on peut mieux anticiper nos réactions, prendre de meilleures décisions tout en respectant nos préférences dans le but de faire des choix qui nous ressemblent.
Puisque notre personnalité évolue tout au long de notre vie selon nos expériences, les exercices de connaissance de soi peuvent être difficiles pour des jeunes qui n’ont jamais fait d’introspection. Pour ma part, lorsque j’aborde la connaissance de soi, je débute mes ateliers par l’exploration des exigences personnelles face à un emploi. Bien souvent, les réponses qui leur viennent à l’esprit sont concrètes, ce qui permet à l’étudiant d’identifier plus facilement ses valeurs, ses intérêts ainsi que ses besoins fondamentaux. À noter que la faisabilité ou le réalisme de leurs exigences n’est pas à évaluer pour l’instant. On se concentre plutôt sur les raisons qui motivent ces exigences.
Prenons, par exemple, un élève qui souhaite travailler pour une entreprise pour laquelle l’environnement est au cœur de la mission. Le jeune pourrait identifier dans ses valeurs importantes l’éthique ou encore le respect de l’environnement. Ces informations contribueront, en partie, à déterminer si son futur choix de carrière correspond à ses attentes.
Vouloir à tout prix que son métier soit sa passion
Avez-vous déjà remarqué que les documents promotionnels de métiers ou de formations présentent souvent des gens qui se disent passionnés de leur métier? Certains jeunes ont de la difficulté à trouver un métier puisqu’ils recherchent avant tout une passion. Ce qui n’est pas faux, puisqu’il est nécessaire d’aimer son travail et de sentir qu’il nous correspond. Cependant, il peut être ardu de trouver une formation ou un métier qui nous passionne à 100 %. De ce fait, se fier au même ressenti vécu dans le cadre de nos passions pour déterminer si une formation ou un métier nous convient comporte un certain risque, comme fermer la porte à des domaines ou des expériences qui auraient pu se transformer en opportunités pertinentes.
Si vous avez un élève qui vit un stress important face à son choix de carrière puisqu’il ne trouve pas de métier passionnant, aborder la question des passions avec lui. Plus précisément, faites-lui explorer en détail ce qu’il aime de sa passion afin de trouver des points en communs avec des métiers. Par exemple, un jeune qui est passionné par le jeu de rôle grandeur nature: aime-t-il le volet historique ou les travaux manuels que requiert la confection de costumes ou de structures? Est-ce qu’il fait partie d’un comité qui organise des évènements? Cette discussion a pour but de lui faire voir que plusieurs aspects de sa passion pourraient se retrouver dans différents métiers.
Accorder trop d’importance aux échéances
Je dois terminer mon Cégep en 2 ans.
Je veux des enfants avant 30 ans.
À mes 25 ans, mon père va me vendre sa compagnie.
Cette façon de planifier sa vie est stimulante, mais en cas d’imprévus ou de pandémie mondiale, les repères temporels pourraient créer des déceptions évitables et surtout affecter grandement la motivation ainsi que l’estime personnelle. S’accorder de la flexibilité dans l’atteinte de nos objectifs peut permettre de mieux gérer le stress d’un choix de formation ou de métier.
Avec des étudiants du secondaire ou au niveau collégial, commencer une réflexion à ce sujet est déjà un bon début. Encouragez-les à valoriser le processus plutôt qu’uniquement la finalité de leurs objectifs. La rigidité dont font preuve certaines personnes par rapport à des détails dans leur projet peut nuire, mais elle peut être aussi un bon levier de discussion. Identifiez avec eux pourquoi ces délais sont si importants. Ensuite, vous pourrez identifier des valeurs, des intérêts ou encore des besoins fondamentaux avec eux.
Dans tous les cas, le dénominateur commun de ces trois situations est le même: revoir l’image que le jeune a de lui ainsi que la façon dont le jeune perçoit son projet. Il va sans dire que ces idées préconçues proviennent de divers facteurs, dont la vision des parents et celle de notre société.
La connaissance de soi et l’introspection sont primordiales pour donner un sens à leurs objectifs tout en leur accordant un plus grand sentiment de pouvoir sur leurs décisions, leur vie.