Cet article a été rédigé par Alex Tardy,
Conseiller d’orientation au Centre de services scolaire des Samares et
Conseiller en formation chez ChallengeU
Imaginez, vous avez un jeune qui vient vous voir pour déterminer un choix de programme collégial ou universitaire. Jusqu’à présent, une situation assez usuelle, n’est-ce pas? Maintenant, imaginons que le jeune en question n’a aucune expérience de travail, ne s’est jamais impliqué dans un projet personnel, n’a jamais fait de bénévolat, ne fait pas d’activité parascolaire, etc. Un peu plus complexe non?
Ceci étant dit, par où commencer pour aider ce jeune à prendre une décision de carrière lorsque ce dernier ne s’est pas encore mis en action? Mon expérience des dernières années m’a appris que les tests psychométriques ainsi que les activités d’autoréflexion auront possiblement peu d’impact pour améliorer la connaissance de soi du jeune, puisqu’il est difficile d’interpréter des résultats et faire des liens sans expériences de vie concrètes. D’ailleurs, difficile de se positionner à travers un questionnaire lorsque notre expérience de vie est limitée. Alors, comment apprendre à se connaître lorsqu’on souffle ses 16 bougies et qu’on a peu d’expérience de vie derrière la cravate?
Explorons ces diverses avenues ensemble, si vous le voulez bien.
Le premier emploi : prendre conscience de ses intérêts
Le plus beau des emplois d’été c’est qu’ils nous servent indirectement à découvrir des intérêts que nous avons ou que nous n’avons pas. Je me souviens d’un élève qui travaillait comme emballeur. Il notait mentalement les clients qui donnaient les meilleurs pourboires et changeait de caisse pour être leur emballeur désigné. Il affirmait être motivé par les occasions d’affaires et adorait discuter avec les clients. Cette affirmation nous a permis d’explorer des professions qui lui assureraient un contact avec des gens et mettraient de l’avant ses aptitudes entrepreneuriales.
En plus de faire de l’argent et de développer des compétences pour le futur, un emploi d’été permet au jeune de découvrir des tâches qu’il aime, d’approfondir ses intérêts et cibler des compétences qu’il souhaite potentiellement mettre de l’avant dans sa future carrière.
Avec la fin de l’année qui approche, pourquoi ne pas explorer avec vos jeunes leur plan pour l’été? Pour ceux et celles qui auraient besoin d’un coup de pouce supplémentaire, vous pouvez toujours les référer vers les organismes d’aides à l’emploi tels que le Carrefour jeunesse-emploi de leur quartier.
Le bénévolat : les missions sociétales pour cibler le citoyen en nous
Outre l’emploi à temps partiel, le bénévolat est une excellente expérience professionnelle afin d’explorer ses intérêts, en prime le jeune peut consolider la découverte de ses valeurs. Dans l’exploration de soi, il est pertinent d’amener le jeune à se questionner sur plusieurs aspects, dont les missions de société qu’il a à cœur, le genre de citoyen qu’ils veulent devenir, les enjeux de société auxquels il souhaite contribuer, etc.
Et maintenant comment ça s’articule en pratique? Ensemble, vous ciblez avec le jeune des entreprises, organismes et/ou écoles où il pourrait accorder quelques heures de bénévolat par semaine. L’idée ici ce n’est pas d’ajouter une tâche additionnelle à son emploi du temps, mais plutôt de se mettre en action pour une cause qui le touche particulièrement et ainsi confirmer les valeurs qu’il a envie de mettre au centre de sa vie d’adulte.
Les activités parascolaires : du plaisir, même à l’école
Les activités parascolaires: une autre manière d’amener les jeunes à se mettre en action. Les vertus du sport pour la santé physique et psychologique ont déjà été prouvées à maintes reprises, alors je ne m’embarquerai pas là-dedans. J’ai plutôt envie d’élaborer sur les bienfaits du sport en ce qui a trait à la connaissance de soi.
Je me souviens d’un jeune qui avait comme passion le football. Nous avons donc exploré ensemble les aspects qu’il appréciait le plus de ce dit sport. En discutant, nous avons découvert que ce qui le stimulait le plus dans cette activité c’était les stratégies. Il aimait surtout créer des stratégies efficaces qui pousseraient son équipe vers la victoire. Dans le plaisir, il apprenait indirectement à se connaître. Cette prise de conscience lui a fait remarquer que le travail d’équipe était important pour lui et que son sens de l’analyse était l’une de ses principales forces. Bien que ces compétences font partie intégrante de sa vie, il n’avait jamais pris le temps auparavant d’en prendre conscience.
Comme quoi une discussion sur les activités parascolaires peut changer la perception que nous avons de nous!
En bref
Avec l’été qui arrive, c’est le temps d’encourager vos jeunes à prendre les deux prochains mois pour développer leur connaissance de soi à travers un emploi à temps partiel, une cause qui leur tient à cœur ou encore une activité qui les stimule.
Dans tous les cas, je ne souhaite pas minimiser les activités de réflexion et les processus d’orientation, loin de là. Avec le temps, j’ai cru observer qu’à cet âge, la mise en action était l’un des moyens les plus efficaces dans leur processus d’orientation, puisqu’à travers ces actions il essaye des choses et surtout ils découvrent ce qu’ils aiment et ce qu’ils aiment moins.
Qu’on soit prof, intervenant, directeur, on peut tous contribuer à notre manière au processus de connaissance de soi d’un jeune en l’amenant à se mettre en action!
Et vous, de quelle manière amenez-vous vos jeunes à se mettre en action?
Ayant amorcé mes études universitaires en philosophie, je croyais déjà en l’importance de se poser des questions et de réfléchir sur soi-même. D’une personnalité empathique et à l’écoute des autres, je me suis éventuellement dirigé en orientation pour harmoniser mes champs d’intérêt et ma personnalité. Teinté d’une approche existentielle-humaniste et de l’ACT, je propose un accompagnement basé sur le développement d’une relation de confiance et de la mise en action vers la recherche d’un bien-être professionnel. Utopiquement, je souhaite que nous vivions tous une vie pleinement authentique!
